01 Mai …toujours dans le même fleuve #80
…toujours dans le même fleuve
≡ Mai 2023 ≡
En ce mai que d’eaux, bordant les batailles, nimbant les cœurs et portant les corps. Mer, fleuve, rivière, matière, nous plongerons dans les plus ou moins grandes âmes qui auront pris Racine, glisserons dans les méandres d’une quête puis en un clin d’œil, à l’infiniment petit.
Mais d’abord, un nouvel album. Depuis 2017 – je vous en parle régulièrement – j’ai la joie de composer les musiques pour les fascinants univers d’Adrien M & Claire B. Après six créations communes, il nous a semblé que cela pourrrait avoir du sens de rassembler l’ensemble de ces compositions sur un disque. L’album s’appelle Cores et sortira le 26 en CD et digital chez Ulysse. Puissent ces cascades sonores hypnotiques ou méditatives tressées de la voix céleste de Kyrie Kristmanson vous donner envie de découvrir le travail visuel de ce merveilleux duo ou en prolonger le souvenir. Si vous n’avez pas encore eu la chance de vivre ces expériences, vous pourrez vous laisser déborder par Acqua Alta les 6 et 7 à Fribourg, le 10 à Neuilly-sur-Seine, le 12 à Vernouillet et les 16 et 17 à Dôle ou compter sur Dernière Minute à partir du 2 à Lieusaint, à partir du 12 à Lahti en Finlande et à Paris du 2 au 10 juin où vous pouvez d’ores et déjà réserver vos places à Chaillot.
De la lumière à la matière noire, autre merveille : l’immanquable Supergravité de Julien Mellano sera au Théâtre de Laval le 4. Il ne devrait plus y avoir beaucoup d’autres occasions, hélas, de voir ce spectacle hors-norme, alors si vous êtes dans un périmètre raisonnable, sachant que cette notion est ici toute relative, foncez-y fissa.
Infiniment sombres, froides et salées sont les eaux de la Méditerranée quand elles deviennent le tombeau de réfugiés. C’est à travers le regard d’un fils et de la relation à son père que Davide Enia écrit Abysses sobrement mis en scène par Alexandra Tobelaim et mis en musique avec Claire Vailler qui porte à bras le corps avec Solal Bouloudnine ce spectacle poignant qui sera du 2 au 5 à Thionville, le 6 à Metz et le 13 à Vire.
Et on termine avec un triplé bien chamarré.
Le 26, retour à Racine et nouvelle collaboration avec la Comédie Française. Après Mithridate, c’est cette fois pour Alexandre Le Grand que je composerai. Amours, gloire et coeurs bottés seront portés par Yoann Gasiorowski, Eric Génovèse, Thierry Hancisse, Adeline d’Hermy, Claire de La Rüe du Can et Sébastien Pouderoux sous la direction de Clotilde de Bayser. Ces joutes de jeunesse seront enregistrées en public au Studio 104 de la Maison de la Radio, réalisées par Blandine Masson et Louise Loubrieu et diffusées sur France Culture le 11 juin.
Le 27, de l’ire des rois à l’Île du Roi, des rives de l’Hydaspe aux eaux de l’Eure qui pour une heure reflèteront les ciels du Massachusetts par la plume d’Hélène Frappat encrée des souvenirs de Kate Moran lors d’une nouvelle traversée de Fleuve Kate au Festival Poesia à Val-de-Reuil.
Le 28, de la mémoire de l’eau aux particularités des ondes et à l’ondulation des particules, nous nous retrouverons avec le scientifique Étienne Klein pour une nouvelle conférence musicale autour de la physique quantique et autres vertiges du cosmos au Festival Chapitre Nature à Argenton-sur-Creuse pour voir ce que la musique fait à une conférence scientifique.
Mais encore plus belle est la question du passionnant documentaire d’Anne-Laure Chamboissier et Stéphane Viard « Qu’est-ce que la musique fait à la littérature ? »auquel j’ai eu la joie d’être convié aux côtés, entre autres, de Pierre Alferi, Bertrand Belin, Rodolphe Burger, Olivier Cadiot, Frédéric D.Oberland, Jean-Michel Espitallier, Laure Gauthier, Violaine Lochu, Pierre-Yves Macé, Christophe Manon ou Serge Teyssot-Gay. Vu le sujet éminemment bankable, le film a besoin d’un petit coup de pouce alors si vous souhaitez que ce soit le vôtre qui aide ce film à voir le jour et que la question qu’il porte soit plus vaste après son visionnage, vous pouvez y apporter votre contribution.
Héraclite disait que l’on n’entrait jamais deux fois dans le même fleuve. Cette fois, nageons plutôt avec Aristote, où que l’on soit, toujours dans le même fleuve, immense.
Olivier Mellano